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Une évolution unique en France

Le 28 septembre 1848, Henri DELATTRE, alors maire de Roubaix, transmet à Monsieur DECARNE, conseiller municipal, le rapport qu'il avait demandé aux médecins et pharmacien de la ville (1) afin de connaître la nature du sol de plusieurs terrains retenus pour l'établissement d'un nouveau cimetière.

Une commission désignée à cet effet se rend sur trois sites définis :

Sur le chemin de Wattrelos, au dessus et à gauche du calvaire (actuel emplacement du cimetière « Chaptal »);

Sur un terrain au-delà de la ligne de chemin de fer à droite de la station;

Cimetière de Roubaix - Photo : C. Lenoire - Tous droits réservés

Sur un terrain en-deçà de la ligne de chemin de fer entre les forts Demessines et Wattel (ce terrain, d'emblée, n'est pas étudié car sa contenance n'est pas suffisante par rapport à la population de Roubaix) (2).

Après analyse de l'implantation géographique (
au Nord-Est de la cité), l'inclinaison du sol (pente de 3,82 à 4,52 mètres par rapport à la route et au fossé de l'Espierre), l'humidité du terrain (qui active la décomposition des cadavres) et les possibilités d'extension du cimetière, c'est le terrain du chemin de Wattrelos qui retient l'attention des membres de la commission.

Alors que le coût d'acquisition des terrains est évalué à
963 francs les 100 verges (3) par l'administration, si elle décidait de procéder par voie d'expropriation, les Frères DESURMONT de Roncq, propriétaires de plusieurs hectares de prairies et terres à labour, route de Wattrelos, laissent leurs terres au prix de 950 francs les 100 verges à condition que la ville n'en prenne possession qu'après la récolte.

(1) Docteurs en médecine : Paquet, Carrette et Godefroy. Pharmacien : Henry
(2) Application de la Loi du 23 prairial an XII
(3) Une verge fait 8 ares 56 centiares

Le 16 avril 1849, un arrêté préfectoral nomme le juge de paix du canton de Roubaix, commissaire pour procéder, à la mairie à une information et une enquête de commodo et incommodo sur ce projet. Enfin, le 23 juillet 1849, Louis Napoléon BONAPARTE, le Prince-Président, signe le décret présidentiel autorisant l'acquisition du terrain nécessaire à la réalisation de ce projet.

La vente de cette propriété est définitivement contractualisée le 12 septembre 1849 en l'étude de Maître COTTIGNY. Le contrat prévoit que la ville verse aux vendeurs la somme de 23.652 francs.

La translation commence donc le 1er janvier 1850 sur un nouveau « champ de repos » de 4 hectares 50 ares, au Nord-Est de la ville, le long du chemin de Wattrelos. Cette surface représente l'entrée et les 4 premiers carrés.

Cimetière de Roubaix - Photo : C. Lenoire - Tous droits réservés

Il est régi par arrêté municipal du 15 février 1850 réglant les inhumations, les concessions de terrains pour sépultures privées, le prix de ces concessions selon leur durée, la police du cimetière, les devoirs et les attributions du personnel municipal y détaché.

La
première concession fut acquise le 11 avril 1850 par Monsieur Julien WATINE pour sa fille Maria Flore qui était décédée le 28 décembre 1847.

Le 20 avril 1850, Henri DELATTRE fit acter par son conseil municipal l'arrêté suivant destiné à rendre hommage à quelques roubaisiens dits « d'exception ».

« 
Nous, Maire de la Ville de Roubaix, Chevalier de la Légion d'Honneur,

Vu la délibération, en date du 31 août 1849, par laquelle, en témoignage de reconnaissance pour les hommes de bien qui se rendent utiles à la cité, a émis le vœu qu'une concession de terrain dans le cimetière communal fût accordée à perpétuité et à titre gratuit :

1° à M. l'abbé Philippe-Ernest-Marie-Joseph ROUSSEL, docteur de Sorbonne, ancien prieur de l'abbaye de la Valleroy, doyen-curé de Saint-Martin, à Roubaix, grand-doyen de la circonscription, décédé en cette ville, le 1er octobre 1834;

2° à M. l'abbé Henri-Joseph HAEU, ancien doyen-curé de Saint-Martin, à Roubaix, décédé en cette ville, le 21 août 1840;

3° à M. Charles-Louis-Adrien FASQUEL, en religion frère Frédéric, de l'Institut des Frères de la Doctrine Chrétienne, ancien directeur des Écoles Chrétiennes de cette ville, qu'il a établies, formées et protégées avec la plus grande distinction, décédé à Roubaix, le 16 août 1843;

Avons arrêté et arrêtons ce qui suit :

Article 1er.
Une concession particulière de terrain est accordée à perpétuité, et à titre gratuit, dans le cimetière communal, pour être affectée à la sépulture,

1° de M. Philippe-Ernest-Marie-Joseph ROUSSEL, doyen-curé de Saint-Martin, décédé en cette ville, le 1er octobre 1834;
2° de M. l'abbé Henri-Joseph HAEU, doyen-curé de Saint-Martin, décédé en cette ville le 24 août 1840;
3° de M. Charles-Louis-Adrien FASQUEL, en religion frère Frédéric, de l'Institut des Frères de la Doctrine Chrétienne, ancien directeur des Écoles Chrétiennes de cette ville, décédé le 16 avril 1843.

Article 2.
Chacune de ces concessions aura trois mètres de longueur sur un mètre vingt centimètres de largeur, soit 3m20c de terrain dans la plate bande A.B. affectée aux concessions perpétuelles; elles seront séparées entre elles par une banquette de trente centimètres. La concession de M. l'abbé Roussel sera la première à l'entrée du cimetière, celle de M. l'abbé Haeu sera la seconde et celle du frère Frédéric la troisième.

Article 3.
Les signes funéraires qui seront placés sur leurs tombes indiqueront le titre de cette concession.

Article 4.
Le vendredi 26 courant, il sera procédé à huit heures du soir à l'exhumation de leurs restes mortels et leurs ossements seront transférés dans la concession qui leur est propre.

Article 5.
Les dépenses auxquelles donnerait ouverture cette triple concession gratuite ainsi que les frais d'exhumation, de nouveaux cercueils, de transports et de ré-inhumation seront prélevées sur le crédit ouvert au budget de 1850, pour dépenses imprévues.

Fait à la Mairie de Roubaix, le 20 avril 1850.
H. DELATTRE
»

Par arrêté du 31 août 1855, une même concession fut accordée pour être affectée à la sépulture de M. Charles WUGK, en témoignage de reconnaissance pour les services qu'il a rendus à la cité comme organisateur du corps de musique et professeur des Écoles académiques.

Dans sa séance du
27 mai 1859, le conseil municipal décida qu'un emplacement particulier serait affecté à la sépulture des ecclésiastiques, des religieux, religieuses, et frères des Écoles Chrétiennes.

Le cimetière continua de s'agrandir et la municipalité d'acquérir encore d'autres terrains tous appartenant aux mêmes « Frères DESURMONT » de Roncq. La deuxième partie fut achetée le 6 octobre 1853 pour la somme de 9.392 francs 78 centimes et permis la création des 5ème et 6ème carrés. La troisième partie achetée le 31 août 1855 pour la somme de 17.757 francs 50 centimes, qui permettra la création des 7, 8, 9 et 10ème carrés.

Le
conseil municipal, en séance du 2 octobre 1872, décida d'un nouvel agrandissement du cimetière pour une surface additionnelle de 11.000 mètres carrés, prise sur les terres agricoles appartenant à Monsieur le Comte de Lannoy, pour la somme de 55.000 francs payable en 5 annuités de 11.000 francs chacune. Le premier paiement se fit dès 1873. Cette nouvelle et grande parcelle permit ainsi l'extension du champ du repos vers la rue de Cartigny.

Le
21 mai 1886, le conseil municipal vote une nouvelle acquisition de terrain, pour une surface de 6 hectares, appartenant désormais aux héritiers du Comte de Lannoy pour la somme de 294.853 francs 60 centimes. L'acte officialisant cette transaction fut rédigé et passé le 31 janvier 1889 chez Maître VAHÉ, notaire de Roubaix.

Cet agrandissement fut décidé grâce à la perspicacité de
Monsieur DAZIN, conseiller municipal, qui démontra par ses propos que tout comme lui la population préférait de loin l'agrandissement du cimetière plutôt que la construction d'un second cimetière. Il avait également très bien deviné, dès 1886, que la population n'irait qu'en s'accroissant, de par la situation industrielle de Roubaix, et qu'en 1900 le nombre d'habitants passerait sans nul doute à 120.000. Il n'avait pas tort mais était encore en deçà de ses prévisions; en 1896, la population atteignait déjà le chiffre record de 124.661 habitants ! D'autres raisons ont également permis à la municipalité d'opter pour cette solution d'agrandissement telles que l'aspect géologique ou la situation géographique du cimetière au Nord-Est de la ville loin des vents dominants.

Pour être davantage accessible, la municipalité vota en date du
13 octobre 1893 l'ouverture d'une seconde entrée, face à la rue Ampère au pont dit « du Nouveau Monde » (aussi appelé plus rarement « Pont du Sacré Cœur »). Adjugés le 6 août 1893, les travaux sont achevés la même année. Une troisième entrée s'ouvrira ensuite, donnant sur la rue de Cartigny.

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