Accrochée depuis 1979 au mur Nord-Ouest de l'église Saint-Martin, la toile d'André Missant, peintre roubaisien décédé en février 1977, frappe en premier lieu les regards par ses dimensions : 20 mètres carrés environ, 5 mètres sur 4. Ensuite vient à l'esprit le sombre des couleurs, accru par la mauvaise qualité de l'éclairage censé la mettre en valeur. Puis vient le temps de la contemplation proprement dite et de la réflexion. Et c'est là précisément que l'on ressent quelques frémissements comme si l'on assistait réellement à la descente de croix, comme si les personnages étaient vivants. Puis vient enfin le temps où l'on se dit qu'il faudrait la photographier pour la faire connaître au plus grand nombre mais l'on s'aperçoit très vite que la toile est trop grande pour l'objectif, puis que les couleurs sont trop sombres… Alors, on essaie de faire au mieux…

André Missant est né à Croix le 29 août 1908 d'une famille de négociants en tissus.

Après des études dans une pension de Dottignies, en Belgique, il suit les cours de l'École des Beaux-Arts, à Roubaix.

Ses premières toiles viendront dès 1925 en même temps que ses débuts à la sculpture sur bois.

En 1936 il épouse Lucie Haedrich et le couple s'installe dans un appartement au centre de Roubaix. Il y aménagera un petit atelier.

Hormis lors de la guerre de 1939, il ne quittera que très peu ce logement, louant parfois, à l'extérieur, des locaux plus vastes pour y réaliser ses œuvres de grandes dimensions.

Totalement dénué de tout esprit mercantile, d'un caractère entier, d'une franchise brutale, ennemi de toute concession, de tout compromis, son méprit complet des contingences matérielles était bien connu. Il lui arrivait souvent de faire don de ses toiles aux personnes qui lui plaisaient.

André Missant traite la peinture en sculpteur. C'est une matière qu'il modèle avec aisance, la précision et la force tumultueuse d'un Rodin. Il est également un excellent dessinateur.

« La descente de croix » était la propriété de Monsieur Émile Meeschaert jusqu'à ce qu'il en fit lui-même don à l'église Saint-Martin en février 1979.

Sur cette très grande toile, André Missant a peint la descente du crucifié dans un style qui lui était bien personnel : une débauche de couleurs, de fulgurantes éclaircies célestes, des personnages imaginaires comme cet ange brandissant une torche allumée, un Christ cruellement porteur des traces du supplice auquel la mort l'a arraché… Tout cela donne à l'œuvre une tragique beauté. Tandis que deux femmes étendent le suaire destiné à recevoir le corps, celui-ci est soutenu par l'apôtre Jean et par deux femmes d'une beauté sereine, malgré la douleur et l'effort qui pèsent sur elles. Les deux larrons accrochés à leur potence se détachent seuls sur un ciel d'un bleu menaçant annonciateur du tranchant de l'épée invisible qui fendra le voile du temple...

Une association intitulée : « Association des Amis d'André Missant » existait, et existe peut-être encore aujourd'hui (à la même adresse ?) et dont le secrétaire général était Monsieur Florent VANREMORTERE.  Il n'a pas été possible d'entrer en contact avec ce monsieur pour savoir si l'association existait encore à l'adresse : 51 Boulevard Gambetta à Tourcoing 59200.