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Parmi les trésors qu'elle renferme, l'église Saint-Martin en préserve un pré-cieusement et plus particulièrement… C'est que l'objet, que dis-je, L'ŒUVRE est classée au patrimoine historique tant elle est belle et fort ancienne.

Le retable, du XVIème siècle, et plus précisément entre 1540 et 1566, entièrement doré à l'or fin, sculpté dan un chêne fort et pur, nous raconte la vie de Saint-Jean-Baptiste, selon l'évangile, sous la forme de 6 panneaux disposés sur 2 étages. Son style est naïf mais d'une grande précision. Ce ne sont pas moins de 80 personnages qui le composent.

Son socle est marqué du poinçon de la Guilde Saint-Luc d'Anvers, représenté par une main. Ce poinçon était un gage de qualité, une sorte de « label-qualité » à cette époque. C'est que le maître sculpteur n'était autre que Moreau, des ateliers anversois.

Le retable du XVIème siècle dans l'église Saint-Martin de Roubaix - Photo : C. Lenoire - Tous droits réservés Le retable du XVIème siècle dans l'église Saint-Martin de Roubaix - Photo : C. Lenoire - Tous droits réservés
Le retable du XVIème siècle dans l'église Saint-Martin de Roubaix - Photo : C. Lenoire - Tous droits réservés
Le retable du XVIème siècle dans l'église Saint-Martin de Roubaix - Photo : C. Lenoire - Tous droits réservés

Il est l'œuvre commune de plusieurs maîtres dans leur domaine de compétences, à savoir :

- Le maître menuisier pour les encadrements et les structures de soutien;
- Le maître sculpteur sur bois pour la réalisation des décors architecturaux et de maçonnerie, et pour les dais gothiques;
- Le maître imagier pour la conception et la composition du retable dans son ensemble : personnages, sculptures, décorations, couleurs, la finesse de tel ou tel détail;
- Le maître peintre pour dorer à la feuille d'or du retable et la polychromie de l'ensemble.

Mais qu'est-ce-qu'un retable ? C'est une pièce fixe représentant très souvent ou une image peinte, ou une image sculptée, et contre laquelle  est appuyé l'autel.

L'on ne sait que peu de choses sur l'histoire même de ce retable détenu par l'église Saint-Martin, si ce ne sont ses origines anversoises (Belgique) et que, contrairement à ce que l'on pourrait de prime abord penser, qu'il ne fut absolument pas créé pour l'église Saint-Martin de Roubaix. Cependant, c'est tout aussi divinement qu'il décorait jadis l'église abbatiale de Limont-Fontaine, commune située entre Hautmont et Maubeuge, dans le département du Nord. Durant un temps illustre, l'on attribua sa création aux moines de l'abbaye toute proche : celle de Saint-Marcel d'Hautmont.

C'est en 1850, ou environ, qu'il fut acquis par le Conseil de Fabrique de la paroisse Saint-martin de Roubaix (pour ne pas dire le doyen Maes) afin d'apporter un peu de grandeur et de splendeur à l'église alors en pleine reconstruction sur les bases du projet de l'architecte Charles Leroy. Le doyen Maes pouvait être satisfait. Saint-Martin s'enrichissait. Le curé de la paroisse de Limont-Fontaine put ainsi, avec l'argent de la vente, faire exécuter quelques travaux dans sa petite église.

Sur toutes les œuvres retraçant la vie de Saint-Jean-Baptiste, il ne reste actuellement que 4 retables similaires et de cette époque. Le retable de l'église Saint-Martin de Roubaix est le mieux préservé.

Il fut classé patrimoine historique en 1896 et est encore là aujourd'hui à se faire contempler.

Un trésor à contempler...

S'il est un roubaisien éperdument amoureux du retable de Saint-Martin, c'est bien Monsieur Pierre Delahousse.  Sur le sujet de sa passion il a beaucoup écrit. Mais il a aussi donné de remarquables conférences. Il semblait donc évident qu'il n'y avait pas lieu de chercher plus loin, et de tenter de ré-écrire la description si juste qu'il fait des 6 panneaux composant le magnifique retable. Ce site lui emprunte donc le descriptif de ces panneaux.

Panneau 1

Jean, vêtu d'une peau de bête, se tient derrière une barrière en rondin; sa prédication s'adresse à un auditoire composite; les hommes, les femmes et les classes sociales y sont représentés.
Les femmes sont assises; le petit peuple des bergers porte des vêtements sans élégance, ni recherche, il est vu de dos.
Sur le côté gauche se trouvent les classes aisées, citadins, riches commerçants, portant chapeaux et tissus lourds, de velours ou de brocard, au drapé lourd.
De l'autre côté; la noblesse revêt des vêtements somptueux de coupe étudiée, avec chapeau emplumé, selon la mode de la première moitié du XVIème siècle.
Dans le fond de la scène apparaissent en petit le Christ et ses premiers disciples, que Jean-Baptiste désigne de la main en prophétisant : « Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».

Panneau 2

Jésus demande le baptême à Jean-Baptiste.
Le décor reprend tout le descriptif évangélique : le fleuve Jourdain, les disciples, le décor montagneux, la colombe, image du Saint-Esprit, et dans un médaillon, en haut, sur le dais gothique, Dieu le Père.
La réalisation est le reflet de l'idée que se faisait le sculpteur des paysages de Palestine.
Théologiquement, c'est le tableau le plus fort, évoquant la phrase évangélique « Celui-ci est mon fils bien-aimé… ».

Panneau 3

Jean-Baptiste reproche à Hérode son concubinage avec Hérodiade, la femme de son frère. Le Roi Hérode est assis sur un trône, coiffé d'une couronne curieuse, entouré de courtisans.
Face à lui, Jean-Baptiste, et derrière celui-ci, Hérodiade dont le regard courroucé, aux lèvres pincées, traduit l'hostilité envers celui qui vient dénoncer son adultère.
À gauche, au premier plan du tableau, le fou du Roi, reconnaissable à sa marotte et à son costume d'arlequin, regarde le visiteur et le prend à témoin de la folie de Jean-Baptiste, risquant sa vie en reprochant au Roi sa conduire, au nom du Roi des Rois, le Dieu unique des Juifs.
L'intention didactique de l'artiste est ici évidente : face au fou du Roi, il y a le fou de Dieu; face à la folie des hommes, le fou de Dieu est un sage.

Panneau 4

Le plus célèbre des 6 panneaux, connu par les amateurs d'art du monde entier qui n'hésitent pas à venir à Roubaix pour le contempler…
C'est la danse de Salomé.
Au cours d'un banquet, Salomé, fille d'Hérodiade, danse si joliment qu'Hérode, charmé, et quelque peu enivré, lui propose imprudemment en récompense « ce qu'elle voudra ». Incitée par Hérodiade, elle réclame « la tête de Jean-Baptiste sur un plateau d'argent ».
Hérode, ne pouvant renier sa parole devant ses invités, donne l'ordre...

Panneau 5

… d'arrêter Jean-Baptiste.
Un officier royal commande la troupe qui amène le prisonnier enchaîné à la prison (une tour moyenâgeuse) dont le geôlier apparaît dans l'encadrement de la porte.

Panneau 6

Ce panneau s'intitule « La décollation de Saint-Jean-Baptiste ».
Celui-ci est agenouillé, mains jointes, tandis que le bourreau a les bras levés pour le décapiter. La hache a disparu, victime de sa finesse et de sa fragilité. Les écoinçons de ce tableau ont gardé deux scènes très finement travaillées montrant, à droite, Salomé apportant la tête de Jean-Baptiste à sa mère, et à gauche les disciples du martyr enterrant le corps décapité. Notons que les écoinçons symétriques du deuxième panneau ont perdu leurs sculptures.

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