HTTP://roubaix.free.fr
HTTP://roubaix.free.fr

Le Fief et la famille
de la Pontenerie
- origines connues-

Le nom de la Pontenerie a pour racine le mot latin pons, pont; ce n'est que depuis peu que la forme Potennerie a prévalu en dépit du sens étymologique que les âges avaient respecté.

Aux XIIIème et XIVème siècles, une famille noble  du pays portait ce nom de
La Pontenerie. En 1249, Jean de La Pontenerie, chevalier, du consentement de Willaume, son fils aîné et héritier, et de l'assentiment de Marguerite, comtesse de Flandre et de Hainaut, vendait à l'abbaye de Marquette une terre située à Roubaix entre la Pontenerie et Maufait, tenue de Jean de Wasquehal (1). Le scel de ce « Jehan de le Pontenerie, chevalier » figure un bandé de six pièces au franc canton d'hermines (2).

En 1301, vivait
Jean de La Pontenerie qu'on retrouve, en 1330, parmi les témoins de l'hommage fait au comte de Flandre par Jean de Namur pour les fiefs situés en Flandre (3).

Jacques de La Pontenerie, chevalier, figure en 1350, avec Guillebert, seigneur de Roubaix, parmi les gentils-hommes qui s'élevaient alors contre certain privilège que les Lillois s'étaient approprié depuis des siècles. Tout sujet d'un seigneur de la châtellenie, en cas de rixe violente avec un bourgeois de Lille, devenait justiciable des échevins de cette ville, et ce privilège excessif qui annulait, pour ainsi dire, le pouvoir des hauts-justiciers et de tous les nobles de la châtellenie, avait sa sanction dans le droit d'arsin. Les échevins procédaient à une enquête et s'il était prouvé que le bourgeois de Lille eut tort, ils le punissaient; mais si, au contraire, le forain était coupable et s'il refusait d'accepter leur juridiction, ils appelaient la commune aux armes et au son des cloches, les bannières déployées, se rendaient au domicile du malfaiteur, qu'il fut noble ou non noble. Si celui-ci comparaissait on le recevait à justice et on lui appliquait la loi; mais s'il ne comparaissait pas au troisième appel, on mettait le feu à la maison et on rasait les arbres du jardin. Tel était le droit d'arsin (4).

Depuis longtemps déjà, le chapitre de Saint-Pierre de Lille, qui possédait des droits de seigneurie sur divers villages de la châtellenie, contestait énergiquement aux bourgeois de Lille l'exercice de l'arsin sur ses terres. A leur tour, les nobles du pays se plaignirent au Roi de cette coutume qu'ils taxaient de corruptèle
(5). Mais l'échevinage défendit si bien son privilège que le Parlement, par divers arrêts, débouta ces seigneurs de leur opposition. L'un de ces arrêts, rendu le 13 décembre 1348, concerne Guillebert, Seigneur de Roubaix, qui paraît avoir été l'un des principaux instigateurs de cette opposition. « Jaque de le Pontennerie » est nommément compris dans les quinze nobles déboutés par l'arrêt du 29 mai 1350 (6). Ce Jacques de La Pontenerie, chevalier, seigneur de la Pontenerie, avait épousé Isabelle, héritière de Croix et de Flers, qu'il laissa veuve et sans enfants (7).

(1) Théodore Leuridan, Sources  de l'Histoire de Roubaix, pages 107 à 108.
(2) Demay, Sceaux de la Flandre n° 1442.
(3) Sources de l'Histoire de Roubaix page 141. - Jules de Saint-Genois, Inventaire Analytique des Chartes des Comte de Flandre, à Rupelmonde page 1625.
(4) Du latin « ardere », brûler, ardre.
(5) Cum potius corruptela repularie deberet.
(6) Roisin, Franchises, lois et coutumes de la ville de Lille, éditions Brun-Lavainne, pages 367, 381 et 385. - Houdoy, Chapitres de l'Histoire de Lille.
(7) Généalogie de la Famille de Croix.

Un Willaume de La Pontenerie, mort avant 1352, était l'époux de Marie de  La Lys, dame de Bousbecque, dont il eut trois enfants:

- Guillaume de La Pontenerie dit de La Lys, qui fit rapport de la seigneurie de Bousbecque le 6 mars 1372;

- Jeanne de La Pontenerie dite de La Lys, épouse de Guillaume de Courteville, écuyer avec lequel elle demeurait à Steenvoorde;

- Marie de La Pontenerie dite de La Lys, qui fit rapport de la seigneurie de Bousbecque le 1er mars 1389 sous le nom de Marie de La Pontelerie. Elle épousa Bauduin de Hingettes, d'une très noble famille de Flandre, et lui apporta la seigneurie de Bousbecque à condition de signer : « Hingettes dit de La Lys »(8).

Noble homme
Garin de La Pontenerie, écuyer, mort vers 1391, avait épousé Catherine Buche, de Tournai, veuve de Jean Loncle, dit Kauchevacq. Cette dame avait un fils du premier lit :

-
Jean Loncle, dit Kauchevarcq, chevalier, seigneur de Jollaing, mort sans postérité avant 1411, après avoir épousé, avant 1401, noble dame Marguerite de La Pontenerie, laquelle convola, avant 1412, avec Mahieu de Launais, chevalier, chambellan du Roi de France et son bailli de Tournai (9). Dans la déclaration des fiefs et arrières-fiefs de la salle de Lille tenus au service d'armes en août 1417, ce Mahieu de Launais est porté comme seigneur de La Pontenerie (10).

Un peu plus tard,
la Pontenerie est aux mains d'Antoine de Werquigneul, chevalier, seigneur de Bauffremez, au Maisnil, époux de Jeanne de Quieuleng, dame de Quiquempois à Flers, petite-fille de Mahaud de Roubaix et arrière-petite-fille de Guillebert, sire de Roubaix (11).

Antoine de Werquigneul fit le pèlerinage de la Terre-Sainte en 1440, étant marié. Par ses lettres de patentes données à Hesdin,le 6 juin de cette année, le duc de Bourgogne octroya à Jeanne de Quieuleng l'autorisation de gérer les biens de son mari durant son absence (12). Il fut prévôt de Lille et commissaire au renouvellement de la loi en 1458. Werquigneul portait d'hermines au croissant montant de sable posé au cœur de l'écu.

Catherine de Werquigneul, dame de la Pontenerie et de Quiquempois, l'une des quatre filles d'Antoine et de Jeanne de Quieuleng, épousa Jacques de Luxembourg, bâtard de Saint-Pol, légitimé en 1486, chevalier, seigneur de la Boutillerie, conseiller et chambellan de l'empereur Maximilien, de Philippe le Beau et de Charles-Quint. Par leurs lettres du lundi de la semaine sainte 1512, les échevins de Lille certifient que Jacques de Luxembourg, bâtard de Saint-Pol, chevalier, seigneur de la Boutillerie, et dame Catherine de Werquigneul, son épouse, ont eu et ont encore vivants deux fils :

- L'un appelé
Charles de Luxembourg, qui est l'aîné
- L'autre
François de Luxembourg

Que les dits seigneurs et dame de La Boutillerie n'ont pas d'autre enfant vivant; qu'ils ne sont pas bourgeois de Lille, que leurs biens ne sont pas sujets à la bourgeoisie de la ville et que ladite dame Catherine a payé le 30 mai 1493 à la ville le droit d'issue de tous les biens meubles qu'elle y possédait.

Jacques de Luxembourg mourut le 21 juin 1528 et fut inhumé dans la Chapelle des Cordeliers à Lille avec sa femme décédée le 2 octobre 1522. Celle-ci eut pour successeur à la Pontenerie son fils François jusqu'en 1532, époque où la famille Petipas fit l'acquisition de cette seigneurie.

(8) Jean Dalle, Histoire de Bousbecque, pages 28 et 29.
(9) Comte du Chastel, Notices généalogiques tournaisiennes, Tome 3, page 903.
(10) Etat Général des Registres de la Chambre des Comptes de Lille n° 85.
(11) Sources de l'Histoire de Roubaix page 175, note.
(12) Archives Municipales de Lille, Registre de la Gouvernance, cote AA 179 pièce 330.

HTTP://roubaix.free.fr