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La cense de la Pontenerie a aussi ses annales: dans la liste « des censiers lesquels ont esté quérir pière à Lezennes pour l'église de Roubaix en l'an XVC et vingt » figure « le censier de Le Pontenerie » (1).
Au commencement du XVIIème siècle, la cense de La Pontenerie était exploitée par N... De Hallewin, père de Jean de Hallewin, qui y est né et qui est l'auteur de la branche des censiers de Beaulieu, à Wattrelos, d'où sont sortis les deux derniers fermiers de la Haye, à Roubaix, M. D'Halluin-Desprets et son fils, M. D'Halluin-Mulliez.
En 1638, sous la seigneurie du chanoine Hippolyte Petipas, le censier de La Pontenerie était Georges Leuridan.
Un peu avant 1673, c'était Jean Castel, créancier de son seigneur Jacques Petipas, dont il faisait saisir les biens pour avoir payement d'une somme de 1421 livres parisis (2).
En 1677, c'était Noël Bonte.
En 1690, les laboureurs, ayant à leur tête le censier de Maufait, poursuivis pour le payement de leur cote dans la taille d'une contribution de guerre, refusaient de reconnaître des dépenses faites, disaient-ils, dans le seul intérêt du bourg. « Le négoce, alléguait-on d'un côté, fait la ruine des laboureurs dont la plupart devront, ainsi que le censier de La Pontenerie, abandonner leur ferme à cause de l'excès des impositions. Le censier de La Pontenerie, répliquait-on de l'autre côté, a abandonné sa ferme, non à cause de l'énormité des impôts, mais parce qu'étant de la religion prétendue réformée, il a été obligé de quitter Roubaix pour se retirer à l'Ile de Cadzand (3). Ce censier de La Pontenerie, étranger sans nul doute, n'est pas autrement désigné.
En 1693, la cense est comprise pour 27 bonniers 2 cents au rendage de 1000 livres et deux douzaines de lin.
Un état des terres que le sieur Petipas de Belleghem avait fait ensemencer à la cense de La Pontenerie, à la Saint-Rémi 1708 et en mars 1709, constate que la plus grande partie des advestures avait été perdue par la gelée et fourragée par les troupes (4).
L'histoire de la cense ou plutôt des censiers de La Pontenerie, au commencement du 19ème siècle, ne manque pas d'intérêt pour quelques-unes de nos grandes maisons.
Jean Philippe Joseph Libert, deuxième du nom, qui vient s'y établir en l'an VII, était né à Tourcoing le 22 août 1766, d'une famille originaire de Wervicq. Il avait épousé, vers 1790, Marie Célestine Pélagie de Lobel, née à Willems vers 1772.
La famille de Lobel était fixée dès le commencement du XVIIIème siècle à la cense du Fresnoy, à Willems. Le 22 juin 1713, un enfant de Pierre de Lobel, censier et bailli du Fresnoy, était tenu sur les fonds de baptême par M. Louis de Ladrière, seigneur du Fresnoy, et demoiselle Pélagie, sa fille, tous deux de Lille. Le 28 janvier 1718, un enfant du même censier a pour parrain Joseph Nicolas Taverne, écuyer, conseiller secrétaire du Roi, maison et couronne de France. Ce Pierre de Lobel trépassa le 26 octobre 1719 au Fresnoy et fut inhumé dans l'église de Willems. Un Jean François de Lobel était censier et bailli du Fresnoy en 1740. Un autre, Pierre Joseph de Lobel, était lieutenant de Willems de 1768 à 1784. On trouve parmi les notables de Willems, de 1779 à 1784, Jacques Joseph de Lobel, époux de Marie Joseph Delemerre, et père de notre Marie Célestine Pélagie Joseph de Lobel.
Jean Philippe Joseph Libert mourut censier de La Pontenerie le 25 frimaire an XI (16-12-1802) âgé de 37 ans, laissant entre autres enfants en bas âge, Adèle Libert, qui devint l'épouse de M. Henri Delattre, le grand industriel, maire de Roubaix en 1848, officier de la Légion d'Honneur; et Pélagie Ruffine Libert, qui s'allia à M. Louis Delattre, frère du précédent. En épousant les soeurs Libert, les deux frères Delattre épousent en fait leurs propres cousines germaines, ce qui -à l'époque- était loin d'être un fait isolé et anodin. Les frères Delattre descendent, en effet, de Jehann De Lattre, laboureur à Sailly-lez-Lannoy puis à la Pontenerie.
Pélagie de Lobel se remaria le 15 thermidor an XIII (22-08-1805) à Pierre Joseph Pollet, cultivateur né et demeurant à Sainghin. Le 3 août de la même année, Madame de Lespaul et ses fils avaient accordé à Pélagie de Lobel, veuve Libert, un nouveau bail de la cense de La Pontenerie.
Pierre Joseph Pollet-Delobel, censier de La Pontenerie, fut conseiller municipal en 1814 et 1815. Il laissa quatre enfants: Joseph Pollet, qui fut fabricant et filateur à Roubaix et dont la postérité constitue l'une de nos belles familles; Carlos et César Pollet, morts célibataires, et Rosine Pollet, veuve de M. Glorieux, à Tourcoing.
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