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Jusqu'en début de soirée, ils ont lutté contre le feu. Les traits tendus, le cœur lourd. Ils savaient déjà que Mickaël Dufermont, sapeur-pompier à Roubaix, n'avait pas survécu à ses blessures, mais devaient bien en finir avec les dernières flammes. « Il faudrait que l'on puisse entrer et utiliser de la mousse mais c'est trop fragile là-dedans alors ça va prendre plus de temps car, à la lance, on n'empêche pas suffisamment les braises de chauffer », explique un officier entre deux ordres aux soldats du feu.
Au-dessus de ce qui reste du bâtiment des Compagnons menuisiers du Nord, un pompier juché au bout de la grande échelle arrose le foyer. La fumée est épaisse, tellement épaisse même qu'elle le cache par moment au regard. Dans la rue, d'autres soldats du feu dirigent leurs lances sur la façade. Par ce qui reste des fenêtres de cette menuiserie, on aperçoit encore des flammes. Juste à côté, l'atelier (dont une partie est affectée au stockage) d'un commerçant de pneus, un matériel hautement inflammable que les pompiers surveillent de près. On devine aussi le mur arrière de la menuiserie qui s'est également effondré.
« Ce n'est rien comparé à la mort de ce jeune pompier »
Rapidement, les pompiers de Roubaix ont reçu le renfort de leurs collègues de Tourcoing, Marcq-en-Baroeul et Villeneuve d'Ascq pour venir à bout du sinistre dont l'origine reste encore indéterminée. Un des responsables de la menuiserie des Compagnons avoue son incompréhension. « On a travaillé jusqu'à vendredi soir. Tout était rangé. Aucun appareil n'est resté sous tension. Je ne vois vraiment pas ce qui a pu se passer », lâche-t-il devant les ruines encore fumantes du bâtiment. « Il est entièrement détruit mais ce n'est rien comparé à la mort de ce jeune pompier. C'est terrible ».
Terrible aussi la douleur évidente de ses copains pompiers qui racontent en quelques mots ce qui est arrivé. « On a entendu un craquement et il y a eu un ordre de repli. Mickaël n'a pas eu le temps de se reculer suffisamment », explique un pompier roubaisien. « On part, on croit que c'est la routine et voilà… », ajoute un autre avant de repartir lutter contre les flammes. Un psychologue des sapeurs-pompiers discute avec un soldat du feu, un peu en retrait, tandis que les policiers, nombreux sur place, recueillent témoignages et indices pour tenter de comprendre.
Dans la foule des badauds qui piétinent rue de Naples, il en est pour assurer qu'il y a eu une explosion avant le début de l'incendie. « Les pompiers sont arrivés très vite, moi j'ai juste entendu un grand bruit. On connaissait les gens qui travaillent ici mais c'est fermé le dimanche. Il n'y avait personne. Je crois que quelque chose a sauté là-dedans, peut-être qu'ils stockent de la colle ou des solvants ». Pour l'heure, rien ne permet encore d'affirmer quoi que ce soit. Même le préfet à la sécurité, Jacques Franquet, venu sur place dans l'après-midi, reste très circonspect. Plusieurs élus de Roubaix sont également venus rue de Naples pour prendre les mesures nécessaires au relogement éventuel des habitants des maisons voisines. Mickaël Dufermont, le pompier victime de cet incendie, avait 27 ans. Il avait été formé à Villeneuve d'Ascq avant d'être affecté au Centre de Secours de Roubaix en 1999. Le jeune homme allait être papa, sa compagne doit accoucher au mois de mars. Une cérémonie officielle est prévue vendredi matin à la Caserne des Pompiers de Roubaix avant les funérailles.
Florence Traullé - Nord-Eclair édition du mardi 8 janvier 2002 - Pages régionales - page 3
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