La cérémonie en hommage au pompier Michaël Dufermont, décédé dimanche 6 janvier au cours d'un incendie, a eu lieu hier au centre de secours de Roubaix.

Le silence. Tellement pesant qu'il en devient assourdissant. Un silence qui en dit plus que les discours. Toutes ces bouches fermées comme les visages. Tous ces officiers, sapeurs-pompiers, policiers, gendarmes, médecins du SAMU, pompiers de Mouscron, élus font silence devant le cercueil du sergent Michaël Dufermont, à qui l'on rend un dernier hommage au centre de secours.

Puis quelques roulements de tambour, un garde-à-vous et le ministre de l'Intérieur qui arrive avec le même visage fermé. Daniel Vaillant salue le cercueil et s'installe dans la tribune officielle, à quelques pas des parents, des frères et de la compagne de Michaël.

Le premier à prendre la parole est le président du conseil d'administration du SDIS (service départemental d'incendie et de secours), Noël Dejonghe : « Nous saluons aujourd'hui un jeune homme valeureux qui, fidèle à son engagement et à ses valeurs, passionné par son métier, est allé au bout du chemin qu'il a choisi. C'est-à-dire la voie de l'urgence et de la générosité, jusqu'au sacrifice de sa propre vie. ». Quelques mots qui résument bien la mission de tous les sapeurs-pompiers.

Puis c'est au tour du ministre de remplir le silence. Daniel Vaillant retrace la vie de Michaël Dufermont jusqu'à ce dramatique dimanche 6 janvier. Avant de parler du courage des sapeurs-pompiers du Nord, inquiets, une fois de plus pour un des leurs, Pascal Lombart, gravement blessé au cours d'un incendie à Willems ?

Sur le cercueil recouvert du drapeau tricolore, le préfet de région, Rémy Pautrat pose la médaille d'or pour acte de courage et dévouement. Le lieutenant Guichard ajoute la médaille d'or du mérite fédéral des sapeurs-pompiers. Enfin, Daniel Vaillant lit la citation a l'Ordre de la Nation et remet au défunt la croix de chevalier de l'Ordre national du Mérite.

Cécile, la compagne de Michaël, elle, est obligée de s'asseoir. Le cercueil dans lequel repose celui qui aurait dû être son époux en juin est hissé à bord d'un camion, sous la grande échelle. A l'extérieur de la caserne, tous les véhicules font retentir leur sirène pour accompagner le départ du cortège. La longue plainte des camions rouges n'en finit pas.

Michaël Dufermont passe les grilles du centre de secours de Roubaix. Sa dernière sortie.

Youenn Martin et I.G. - Nord-Eclair édition du mardi 15 janvier 2002 - Pages locales - page 7

Depuis les funérailles de Franck Tavernier en novembre 2000*, jamais l'église Saint-Pierre n'avait sans doute accueilli une telle affluence, contenu une telle émotion…

Hier matin, plus de 900 personnes étaient présentes aux funérailles de Michaël Dufermont pour témoigner leur sympathie à une famille durement éprouvée.

A assistance exceptionnelle, organisation particulière. La famille et les amis sur la gauche; sur la droite, à des emplacement pré-établis, les personnalités, les corps constitués, les représentants des services de police, de la gendarmerie, du SMUR, du SAMU. Le chœur avait été réservé aux collègues de Michaël. Mais, en dépit de cette organisation, de nombreuses personnes n'avaient pu trouver une place dans l'église archi-comble.

Porté par les épaules de six de ces camarades coiffés de l'ancien casque, le cercueil de Michaël Dufermont, recouvert du drapeau tricolore et acheminé par un véhicule d'intervention, franchit le parvis de l'église sur lequel avait été déroulé un immense tapis rouge. Une double rangée de soldats du feu en tenue était au garde-à-vous.

Il était 11h20 et en accueillant la famille et les amis du disparu, l'Abbé Bernard William, prêtre de Saint-Pierre qui concélébrait les funérailles avec Antoine Delesalle, prêtre à Dunkerque et aumônier des sapeurs-pompiers, et Pierre Baert, prêtre à Roubaix, souligna que, au-delà de la mort révoltante d'un jeune, il y a l'espérance, une espérance qui illuminait la vie de Michaël encore présent à la messe de minuit de Saint-Pierre à Noël dernier.

Cette espérance, Patrick Dufermont, comme d'autres membres de la famille, comme les amis de Michaël, avait tenu à en témoigner. Avec une émotion difficilement contenue, le père du disparu a ainsi rappelé combien ce dernier s'était passionnément investi dans son métier, et comment il avait découvert au sein de la grande famille des pompiers les vraies valeurs de la vie.
« Restez en tenue de service », c'était le thème de l'Évangile retenu pour les obsèques. La « tenue de service » propre à ceux qui veillent et qui ne se laissent pas prendre au dépourvu.

Une formule développée dans l'homélie de Bernard Willem qui rappela que Michaël avait été de service la nuit de la Saint-Sylvestre, que le métier de pompier est éprouvant : « On part, on pense que c'est de la routine, un cas d'école et puis c'est l'accident », déclara le prêtre en soulignant que l'an dernier 18 soldats du feu sont morts en service dans notre pays et que leur sens du devoir est comparable à celui de leurs collègues de New-York. « Derrière toute personne qui crie à l'aide, il y a le Christ. Quand on n'a pas tout donné, on n'a rien donné. Chez les pompiers, le choix total on sait ce que c'est. ».

Au terme d'une offrande qui dura plus d'une demi-heure, le cercueil fut redéposé sur la plate-forme du véhicule d'intervention. Ses jambes ne voulaient plus porter Cécile, la fiancée de Michaël qui dut se résoudre à monter dans une voiture. Ils furent encore très nombreux à suivre, pensifs et frileux le cortège funèbre. Et ce n'est qu'après un ultime salut militaire de ses camarades au cimetière de Croix que vers 14h, Michaël se retrouva seul. La mort se sert rarement d'un gyrophare.

Youenn Martin et I.G. - Nord-Eclair édition du mardi 15 janvier 2002 - Pages locales - page 7

« Il n'était parmi nous que depuis trois ans mais avait acquis une expérience professionnelle équivalente à une présence de dix-huit ans, en raison du nombre d'interventions auxquelles il a participé », disait l'un de ses collègues.

*Franck Tavernier, jeune homme agressé sauvagement au couteau par plusieurs autres jeunes alors qu'il quittait le métro et décédé de ses blessures. Sa mort suscita dans toute l'agglomération une grande émotion et une foule considérable assista à ses obsèques.

Dans les sphères municipales roubaisiennes, plusieurs personnes émirent l'idée de débaptiser la rue de Naples et de la dénommer Rue Michaël Dufermont.
A suivre donc…
Si l'idée est retenue et mise en pratique, cela renouera avec le passé car bien que de rendre ainsi hommage à l'un de ses concitoyens était chose courante au siècle dernier à Roubaix, la Ville n'a plus, depuis bien longtemps, rendu ce type de reconnaissance officielle. (L'on s'en convaincra une fois encore un peu plus loin dans ce chapitre traitant de « Un an après… »).

Pour tous ceux qui ont connu Michaël, pour sa famille, ses parents, sa compagne Cécile, sa petite fille Mathilde qui vint au monde orpheline, sans possibilité de connaître le bonheur qui lui aurait apporté son papa dont elle pourra être fière,

Mardi 8 janvier 2002 : Pages régionales

Mardi 8 janvier 2002 : Pages locales

Mercredi 9 janvier 2002 : Pages locales

Samedi 12 janvier 2002 Pages métropole

Mardi 15 janvier 2002 : Pages régionales

Mardi 15 janvier 2002 : Pages locales

Cérémonial : les Honneurs funèbres

Détail de la cérémonie des Honneurs funèbres

Faire-part de décès : Amicale Sapeurs-Pompiers

Faire-part de décès : paru dans la presse

Les citations et nominations

Un an après le drame...